Hokusai

Occupation minimale de l'espace oblige, je suis extrêmement exigeant lorsque j'achète une BD pour la garder. L'Hokusaï de Shotaro Ishinomori empile les qualités et a mérité sa place dans la bibliothèque.

Le sujet: Hokusai, "l'homme fou de peinture" comme il s'est fait appeler à un moment (biographie dispo ici), dont l'oeuvre est une source d'inspiration à la fois pour le manga japonais et la peinture européenne du 19ème siècle.

Le personnage: Shotaro Ishinomori prétend n'avoir pas cherché l'exactitude biographique et avoir préféré explorer les zones d'ombre, quitte à charger la mule. Son Hokusai est obsédé sexuel, coléreux, de mauvaise foi, blagueur, un peu escroc, un peu voleur; une sublime canaille qui reste en même temps totalement dédié à la pureté de son art. "Le talent et le caractère sont deux choses totalement différentes" - met-il dans la bouche de son héros.

La structure des chapitres: chronologiquement, c'est le bordel. C'est l'obsession artistique d'Hokusai qui fait le lien. Et ça marche vraiment bien. Très belle leçon de "faussement déstructuré".

Le découpage: c'est ce qui m'a attiré en premier. A l'ancienne (années '60) et d'une parfaite clarté, surtout dans le rendu du temps.

Les décors: un travail à la plume sublime avec des variations de traits qui donnent texture et profondeur de champ. Certaines cases (faussement simples, genre une cabane dans les bois, sous la pluie) font tomber la mâchoire.

Cet Hokusai a trouvé sa place dans les sources d'inspiration régulières.

Repost: Les pâtes aux chicons de Monsieur Tout-le-Monde

En raison du succès de la recette et de la disparition imminente du post d'origine, un repost s'impose.

A la demande générale, voici la recette des pâtes aux chicons (ou endives selon votre latitude) que le monde entier m'envie. Alors...
Pour 4 personnes:

• 3 gros chicons (ou 6 petits, ou 4 moyens)
• 1 oignon moyen
• 40 cl de vin blanc sec
• 500g de tagliatelles
• 25 cl de crème
• des tomates séchées à volonté
• du parmesan râpé à volonté
• sel, poivre, huile d'olive

Préparation:
La sauce se prépare dans une sauteuse.

• après avoir soigneusement retiré leur cul*, coupez les chicons en fines lamelles dans le sens de la longueur;
• coupez finement l'oignon et faites-le légèrement revenir dans un peu d'huile;
• quand l'oignon est transparent, ajoutez les lamelles de chicon et recouvrez le tout du vin blanc sec;
• à feu doux, laissez le vin blanc imprégner les légumes en mélangeant régulièrement jusqu'à ce que l'excédent de vin soit évaporé (entre 20 et 30 minutes), quelques gouttes de sirop doivent rester dans le fond; pendant ce temps, lancez la cuisson des pâtes et découpez grossièrement vos tomates séchées;
• après évaporation du vin, versez la crème et mélangez;
• ajoutez les tagliatelles à la sauce et mélangez encore.

Service:

• salez et poivrez les portions selon les goûts;
• couvrez de quelques morceaux de tomates sèches et de parmesan (pleiiiiiiiiiiin);
• dites "mmmmmmmmmmmmmmmmmmmh" et resservez-vous une portion.

* l'essentiel de l'amertume du chicon - cause de son désamour fort répandu - est concentré dans son cul; enfoncez un couteau fin dans son fondement et découpez un cône d'un mouvement circulaire. Prudence, c'est le point d'attache des feuilles, donc le chicon a tendance à se démantibuler si on n'y prend pas garde. Cette ablation du cul est à pratiquer pour toutes les recettes aux chicons; on passe ainsi du pire épouvantail de la table à un vrai délice.

Hugo Cabret

Je voulais voir Hugo Cabret parce que Scorsese avait annoncé qu'il partait à a recherche d'une grammaire pour la 3D - soit autre chose que foncer dans des tunnels ou jeter de trucs à la figure des gens. A la sortie, j'ai été déçu. Non seulement il n'y a pas de nouvelle grammaire, juste une utilisation extensive de la profondeur de champ que la 2D permet aussi sans donner mal à la tête, mais en plus Hugo Cabret est juste ennuyeux.

A vrai dire, on se fiche de l'histoire d'Hugo, de son automate et de ses course-poursuites avec le policier de la gare Montparnasse; on ne fait qu'attendre la raison d'être du film qui n'arrive que dans le dernier quart: George Meliès racontant la montée et la chute de sa carrière. Entretemps, on a droit à un remarquable travail de reconstitution et de cinématographie aussi impressionnant que figé émotionnellement.

Pour un aperçu plus complet sur la vie de Mélies, l'entrée wikipedia en Anglais est dix fois plus complète que l'entrée en Français, notamment sur le contexte économique et industriel qui ont eu raison de son art.

Hitler

J'ai eu le curieux privilège d'avoir un exemplaire de Mein Kampf dans la bibliothèque familiale. A mesure que son taux d'alcoolémie permanent augmentait, mon père avait trouvé super cool de l'acheter à prix d'or et d'en répéter des "vérités". Mon père est mort en psychiatrie avant sa soixantième année et, après l'avoir lu, j'ai revendu le bouquin chez Pêle-Mêle pour 5€.

J'ai gardé de cette expérience une méfiance farouche de la bêtise vociférante et l'habitude de la recadrer par tous les moyens dès qu'elle pointe le bout de son nez.

C'est dans ce cadre que je recommande la lecture du Hitler de Shigeru Mizuki, aussi rébarbatif qu'il puisse sembler: rien n'est vraiment sexy dans cette biographie didactique destinée à la jeunesse japonaise de 1970. Il faut se taper des faits secs, illustrés par un dessin bizarre qui mélange reproductions de photographies d'époque et caricatures des protagonistes, et accepter de se laisser entraîner dans l'horreur. Passées ces difficultés la lecture est instructive sur la psychologie du bonhomme et de son entourage et permet de repérer la tentation des mêmes comportements autour de soi.

Si vous voulez vérifier les faits de cette biographie, je vous recommande le Dictionnaire des fascismes et du nazisme qui casse toute stature mythique à cet aspect du 20ème siècle, non pas par des slogans simplificateurs mais par une étude historique systématique. Très bon bouquin de vulgarisation. Permet d'arrêter une conversation où un boutonneux vous soutient que "même s'il a mal tourné, il avait de bonnes idées au départ" et qu'"Inglorious Bastard est historiquement juste à part les 20 dernières minutes".

[EDIT] Facebook vient de bloquer mon compte après ma tentative de relier l'article sur ma page. Way to go, Facebook.

[EDIT2] Où le remède se révèle pire que le mal

Mon utilisation d'une fonction a été bloquée.

Facebook a mis en place des règlements visant à réduire les risques de comportements pouvant être considérés comme importuns ou abusifs. Même si vous n'aviez pas de mauvaises intentions, nous avons estimé que vous avez publié du contenu en infraction avec nos standards ou que vous avez utilisé la même fonctionnalité de manière répétée durant une courte période de temps.

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Les livres de Noël

Pixar, 25 ans d'art et d'animation: sous ce titre trompeur se cache la collection des colorscripts de Pixar. Un colorscript, qu'est ce que c'est? C'est une successions d'images-clés, qui indique la progression de la couleur au long d'un film d'animation. Le but est de donner en un coup d'oeil l'évolution de la tonalité émotionnelle. Donc, pas de croquis préparatoires, pas de storyboard, pas de recherche des personnages. Le colorscript intervient lorsque tous les éléments dramatiques (personnages, décors, situations) sont déterminés et permet d'affiner la courbe dramatique. Chez Pixar, ils utilisent de tout (digital, pastel, aquarelle, acrylique, crayons de couleur), tant que la couleur est rendue comme il faut.

A un moment où je me torture les méninges pour introduire la couleur dans mes dessins, ce livre est une source d'inspiration idéale.

Dark Lens : Des personnages de Star Wars dans des décors urbains désolé de Paris, Lille et Dubai. Un album de photos superbe réalisé avec la bénédiction de George Lucas en personne. Très belle leçon de photo, de 'toshop et de geekerie et une source d'inspiration potentielle.

Marabout-Chef: Lunch-box et pique-niques: Dans le cadre de ma reprise en main alimentaire, ce bouquin tombe a pic et m'aidera à relancer mon projet mort-né de site collaboratif consacré aux bentos.

Merci à Celle que j'aime et Soeur Cadette (et à l'auteur le mieux chaussé de la fantasy française pour l'inspiration) 

Let it Snow: making of

Pari tenu, j'ai bouclé mon dessin Let it Snow en 4 heures, depuis l'embryon d'idée jusqu'au dernier coup de gomme.

Comment ai-je fait?

• D'abord, je me suis fixé l'objectif des 4 heures... C'est le seul temps plausible qu'il me restait pour improviser un dessin en remplacement d'un cadeau pour Celle que j'aime que j'avais tout simplement oublié .Je luttais pour ma vie, vous comprenez.
• J'ai improvisé le brouillon couché dans le lit ou roulé en boule, comme un bébé gribouillant sur le sol; la position assise a tendance à cadenasser mon imagination en même temps que mon dos; une petite régression assumée m'a permis de me libérer.
• Ensuite, j'ai dessiné debout penché sur une commode dans une pièce isolée, sans ordinateur. Pas du tout commode (haha) au demeurant, mais très efficace: empêche la procrastination web (une plaie) et la pause confort en s'affalant sur la chaise.
• Je ne me suis laissé aucun droit à l'erreur. Involontairement. J'ai oublié ma gouache blanche pour les corrections. Je devais viser juste du premier coup à la plume.

Joli rattrapage... tout cela est la preuve que je peux dessiner régulièrement, il suffit juste d'être dans les bonnes conditions.

Passé la Loire, c'est l'aventure

Les habitués de l'ancien blog se souviennent que j'avais utilisé le même titre en 2009 pour raconter la même chose, le voyage de fin d'année traditionnel à Toulouse.

Cette année, pas de tempête de neige à ne pas mettre un avion dehors, mais 11 heures en voiture accompagné de Catherine, notre GPS zinzin:

• Je me suis dit que prendre la voiture ne devait pas être si difficile que ça en me basant sur mes précédents road trips. A la quatrième heure derrière le volant, j'ai une illumination douloureuse; c'est la première fois que je couvre autant de distance SEUL (Catherine ne pilote pas, non); et les petits papillons qui dansent régulièrement devant mes yeux m'expliquent clairement que je n'ai pas l'habitude.


• Bruxelles est bloquée par une grève générale qui impose une drôle d'ambiance dans les rues. Soit complètement désertes, soit bouchées à quelques endroits stratégiques. Les barages filtrants dans le sens de l'entrée en ville, créent des micro-bouchons dans le sens de la sortie... Je dois ruser (Catherine hurle "recalcul" en boucle)... et perdre 30 minutes.
  
  
• Je prends le périph' Sud de Paris; circulation en accordéon. Catherine s'ennuie et décide de m'annoncer une bonne sortie 10 mètres après l'avoir passée et de me laisser me démerder...  Dans un tournant, je découvre qu'on rejoint un fleuve de voitures arrêtées. 45 minutes perdues.
  
  
• Solstice d'hiver oblige, la nuit tombe à 1730. Pour un Belge habitué au gaspillage luxe de l'éclairage nocturne, l'obscurité des autoroutes françaises pèse sur le système nerveux.
  
  
• Aaaaaaah les courses entre les camions dans le noir! Pointes de vitesse avec remorques. Concours de grands phares et de clignotants! Encore plus amusant sous une pluie battante.
  
  
• Soudain, la température baisse de 10°. Je passe à côté de la sortie "Aurillac".
  
  
• Montauban: je suis arrêté par... la douane. Un Belge, c'est suspect. On me demande d'où je viens, où je vais et on fouille mon coffre. Tout ce chocolat et ces speculoos, c'est louche.
  
  
• Grand moment au péage. La machine refuse de me donner mon ticket. Je dois faire une marche arrière dans la station et j'entraîne dans mon mouvement tous ceux qui me suivent. Personne ne résiste au plaisir d'un concert de klaxons de Noël.

Perfect Storm

Il y a deux semaines, j'ai commencé à décompter les jours de travail avant mon départ en vacances le 22 décembre. Je me disais que cela m'aiderait à me détacher progressivement d'un contexte professionnel difficile.

En fait cela ne m'aide pas. Chaque jour est plus difficile que le précédent et chaque fois je me demande si je survivrai à ma journée. Comme dans Shining, je visualise chaque matin un intertitre qui me rapproche du massacre final.

Ceci n'est pas l'espace pour m'étaler sur ma source de revenus. Sachez seulement que nous sommes pris dans la parfaite tempête, combinaison d'urgence permanente, de restructuration des moyens et de dilution des responsabilités. Il faut faire plus, plus vite avec moins de moyens et aucun contrôle sur ceux-ci. La tempête emporte tout, même les meilleures volontés. La tension humaine est si palpable que le retour à la maison ne suffit plus à l'effacer. 

L'hiver pluvieux/neigeux, les embouteillages et les grèves n'arrangent rien.

Je ne parle même pas de notre mamichat qui devient dingue.

En moins d'un mois, j'ai l'impression d'avoir perdu tout contrôle sur mes journées.

J'espère vraiment que ces 10 jours de vacances vont être profitables. J'aimerais bien remettre la main sur mon existence.

Sony: make.believe

• 2H: mise en route initiale de l'ordi et "copie des fichiers". Bloqué à 75%, je lui ai laissé 30 minutes pour se raviser.
• 3H: après redémarrage, reprise de "copie des fichiers" jusqu'à l'apparition du logo Windows; mise à jour des outils de base; pause fou-rire hystérique face à ce message:

• 0,5 H: installation/configuration de l'anti-virus, de Thunderbird, de Firefox, de Picassa, d'OpenOffice.
• 1,5 H: désactivation de toutes sortes de pop-ups, de publicités, d'outils de maintenance redondants,
• 2H: création du média de sauvegarde (bloque l'ordi, figurez-vous).

9H au total.

9H pour mettre le nouveau Sony Vaio de ma Maman en état de marche avec une configuration acceptable qui ne tente pas de vous agresser ou de vous vendre quelque chose toutes les 5 minutes.

Je ne sais pas ce que Sony essaie de faire.croire avec un exploit pareil... Que l'informatique est nécessairement une souffrance?  Que le monde est absurde? Que le temps n'est rien? Que c'est dans l'attente interminable que vient le plaisir? Moi qui ai mis mon iMac en route en 20 minutes seulement, je ne parviens pas à comprendre le message.                                                                                

Si vous avez une explication, je suis preneur.

2011: le bilan

Le taux de bonheur de l'année 2011 a connu une tendance baissière aussi régulière qu'anormale.

L'assemblée générale des actionnaires de Monsieur Tout-le-Monde Inc a mis en demeure le conseil d'administration de corriger immédiatement la situation suite à la dernière nuit d'insomnie, encore plus grave que toutes les nuits d'insomnies qui l'ont précédée.

Bien que cela puisse apporter un répit certain, jeter le chat par la fenêtre - une mesure plébiscitée par un groupe d'activistes - NE sera PAS appliquée. Les chats sont des êtres humains comme tout le monde et ont le droit de miauler comme des crécelles rouillées à 3 heures du matin.

Par contre, le conseil d'administration sera tenu d'apporter des réponses rapides aux problèmes suivants:

• vie professionnelle: pourquoi la perspective d'avenir s'est-elle subitement réduite à trois mois? 
• santé: c'est quoi tout ce gras, ce sucre, ce chocolat, ces produits laitiers qui ont repris une place importante dans l'alimentation?
• santé: et le sport dans tout ça? 
• dessin: pourquoi tant de croquis et si peu de publications?

L'assemblée générale des actionnaires a félicité le conseil d'administration sur ses efforts de pacification sentimentale et la rigueur budgétaire qui ont porté leurs fruits; mais elle a aussi imposé la "règle d'or": le point minimal atteint cette semaine serait dorénavant la limite inférieure infranchissable.

Je suis accro à Bakuman

Soul of the Samurai

Un an et demi après son achat à Tokyo, j'ai enfin terminé Soul of the Samurai. Du Zen et de l'Art de la Guerre en tube.

156 pages au rythme d'une page et demi une fois de temps. C'est l'épreuve de développement personnel la plus la plus longue de toute mon existence que j'ai poursuivie avec un entêtement obsessionnel.

Tout ça pour tomber dans le chapitre final sur la phrase: fixer son esprit sur une seule chose est une maladie de l'esprit.

Bon,... voilà... leçon apprise, Petit Scarabée. En un an et demi.