Mon récent changement de statut professionnel m'a amené à réfléchir sur ma présence sur le web. Pour mon nouveau métier de consultant IT, j'ai décidé d'avoir une présence bien organisée sur les réseaux sociaux. C'est d'autant plus nécessaire que j'ai intégré consultance en content management aux compétences que je souhaite mettre en avant.
En dessinant mon "plan media" pro, j'ai réveillé un immense conflit intérieur. D'un côté, il y a une aspiration à la régularité, la clarté et la simplicité. De l'autre, il y a mon expérience réelle de Monsieur Tout-le-Monde, dont la présence est un véritable fouillis dont il ne ressort qu'une impression: MTLM cause beaucoup, dessine/écrit très peu et peu de gens le savent.
J'ai peut-être plusieurs personnages sur internet mais je suis bien une personne unique (un peu dissociée mais c'est une autre histoire). Je ne suis pas parvenu à vivre sereinement cette contradiction totale et surtout, je ne me suis pas vu donner des conseils avec un si mauvais exemple attaché à ma propre personne.
Que je le veuille ou non, Monsieur Tout-le-Monde fait partie de ma vitrine professionnelle. J'ai donc décidé de faire ma première consultance en content management sur lui.
Le piège des réseaux sociaux s'est refermé lentement.
Mon aventure sur le web a commencé il y a plus de 10 ans, lorsqu'il suffisait d'avoir un blog alimenté régulièrement pour être capturé par les moteurs de recherche. Les réseaux sociaux sont venus compliquer tout ça. Pour être lu, il fallait y être. Mais lesquels? Et Pourquoi? J'ai empilé les comptes et je crois avoir suivi le même raisonnement que beaucoup de monde: tous les mêmes contenus partout.
Mais ce n'était pas aussi simple, chaque réseau a sa spécificité aussi bien dans la technique, la gestion du temps que le type de contenu. Donc faire tourner les réseaux sociaux est vite devenu une usine à gaz chronophage et inefficace, à peine rationalisée par quelques automatismes. En plus, la tentation de lire le contenu des autres s'est transformée en invitation à la procrastination - alors que je trimbale déjà une tendance lourde depuis mon enfance.
Statistiques et motivation
Les stats de ma page Facebook et de mon blog ont parlé. Les contenus reliés rapportent soit très peu de visites et ne valent pas le temps investi, soit trop de visites et prennent trop de temps à suivre. De plus, elles noient complètement mon contenu personnel basé sur le dessin qui du coup génère peu d'interactions. Peu de retour génère peu d'entrain à poursuivre.
Aligner les contenus est une fausse bonne idée
Chaque canal de diffusion a ses spécificités: twitter gère frénétiquement l'immédiat, Facebook est à cheval entre l'immédiat et le durable, Google+ est plus dans le durable, Tumblr fonctionne plus comme un écoulement d'égout un flux constant de pensées, Instagram est visuel, strictement visuel, et limité par son cadrage etc... Leur syntaxe, leurs interactions, leurs publics sont différents. L'expérience a toujours entretenu le sentiment diffus les canaux ne généraient pas les interactions escomptées, quels que soient les agrégateurs et les automatismes utilisés. Un article récent de Melle Funambuline consacré à Instagram a très bien énoncé le problème.
L'étape suivante vous propose de partager votre photo sur d'autres réseaux simultanément à votre publication sur Instagram. Je déconseille vivement cet usage. D'abord parce que la légende de votre photo ne sera pas sur Instagram dans le même langage/avec les mêmes codes que sur twitter,facebook, foursquare ou ailleurs. Ensuite parce que vous allez utiliser des # qui n'ont d'intérêt que sur Instagram. Publiez votre photo sur Instagram. Puis copiez le lien de publication et partagez-la sur d'autres réseaux, si vous en avez envie, mais ne partagez pas le même contenu de la même manière sur des réseaux différents.
Mélanger les contenus des autres est une excuse pour ne pas en produire
J'ai longtemps pensé que montrer la création et son inspiration était la même chose et que révéler un making of était aussi bon que livrer un produit fini. Je me suis trompé. Je me suis enfermé dans une préparation permanente qui fait beaucoup de bruit, mais produit très peu.
Ce genre de rationalisation de l'inaction est très bien décrite par Seth Godin qui a écrit des dizaines de posts de blog sur the fear of shipping. Il était temps que je m'en débarrasse pour me mettre effectivement au boulot.
Comment préparer le plan media
Le plan media est destiné à identifier mes activités web quelles qu'elles soient et les réorganiser pour favoriser la création.
Le plan a été établi comme suit:
- Séparer les agrégateurs de contenu, les outils de création de contenu et les canaux de diffusion.
- Définir les spécificités des canaux de diffusion (en gros: pour qui? quand? quelle fréquence? contenu original ou relié? type de contenu? but du canal?) et choisir les plus appropriés pour mettre en avant la création.
95% de la représentation de l'interaction entre agrégateurs, contenu et canaux |
Les conclusions du plan media
- Mes blogs (dessin) et Instagram (photo) sont mes lieux de création privilégiés et reliés tels quels sur le canal le plus efficace du moment: la page Monsieur Tout-le-Monde sur Facebook.
- Je relierai beaucoup moins d'articles divers extérieurs, par contre je les utiliserai pour créer des posts sur mon blog avec une obligation de réflexion sur le contenu et de création d'un dessin original.
- La recherche d'inspiration (forme polie pour désigner la procrastination) est canalisée en différentes marques (#MTLM #NSFW sur tumblr pour les femmes à poil, Amazon Queen from Kaiju Island sur Facebook pour l'inspiration cinéma bis/rétrofutur/erotica, Shock Corridor sur Facebook pour les réflexions politiques).
- Chaque marque ne peut recevoir qu'un temps limité d'attention dont la somme sera toujours inférieure au temps de création et peut disparaître en cas de faible retour.
- Twitter diffuse tous les contenus de blog créés personnellement et quelques autres contenus choisis au cas par cas (ex Instagram ne sera plus relayé obligatoirement).
Ceci devrait refocaliser mon attention sur ma création et la mettre mieux en valeur. Maintenant, c'est à vous de choisir où vous voulez me suivre.
Belle analyse en général, et de la procrastinature en particulier (bizarrement, ça me touche...)
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerOui mais toi tu procrastines avec art!
SupprimerMerci, beaucoup !
RépondreSupprimerCes billets "mode d'emploi" sont particulièrement pénibles à écrire, ça prend un temps fou et c'est très difficile d'essayer de donner des trucs sans être "donneuse de leçons", tu me rassures sur le fait qu'apparemment ils atteignent leur but : faire réfléchir sur l'usage d'un outil. C'est important pour moi, merci, again.
Dans un autre genre, pour les passionnés de sujets multiples et pour le côté inspiration, je pense que Pinterest est définitivement un outil qui pourra t'être utile. Depuis que je l'utilise, je partage beaucoup moins de liens à tout va comme je le faisais avant. Je les thésorise, organise, et les ressort éventuellement quand ils sont pertinents... tout en les ayant toujours sous la main sans multiplier mes onglets de favoris/page FB/profil FB/compte twitter/etc.
Seul défaut : le #NSFW n'est pas le bienvenu. Mais certains n'hésitent pas ... exemple avec l'excellent Philemon Labulle : http://www.pinterest.com/philemonlabulle/
Je me réjouis d'avoir ton avis, dans quelques mois pour connaître les résultats de tes pratiques !